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Désormais autorisés par l’Union européenne, à quoi les carburants synthétiques serviront-ils ?

l'Europe autorise les carburants synthétiques

Pour atteindre la neutralité carbone, l’UE compte interdire les véhicules thermiques d’ici 2035. L’Allemagne est opposée et propose plutôt le recours à des carburants de synthèse. L’utilisation de cette formule était déjà envisagée par l’Europe, mais le secteur automobile n’était pas concerné. Ce type de produit serait plutôt dédié au transport maritime et aérien.

Le projet carburant de synthèse est amorcé en Europe. La formule sera composée de CO2 et d’hydrogène. Les modes de production et les objectifs de volume sont déjà définis. La réalisation d’un tel projet nécessite l’intervention de plusieurs spécialistes, notamment des ingénieurs, des consultant IT, etc. Le carburant synthétique est cependant loin de mettre tout le monde d’accord. Les avis divergent plus sur son utilisation que sa production.  Certains pays comme l’Allemagne et le Japon estiment que ce produit pourrait être utilisé sur les voitures. Un avis que ne partagent pas la France et la Commission européenne, qui plaident plutôt pour une mobilité routière à l’électrique et à l’hydrogène.

Pour l’aérien et le maritime selon la Commission européenne

Certaines associations comme T&E estiment que le carburant, du moins pour l’automobile, ne fera jamais partie des produits écologiques. Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, ne souhaite d’ailleurs pas intégrer les e-fuels dans la démarche écologique de l’UE. Ce type de produit sera plutôt destiné à l’aviation et au transport maritime, qui sont difficiles à électrifier.

Une association a été créée pour promouvoir le développement des carburants synthétiques. Il s’agit de la RLCF Alliance ou Renewable and Low-Carbon Fuels Value Chain Industriel Alliance. L’organisation compte parmi ses membres des acteurs du transport maritime, des fournisseurs des énergies ou encore des compagnies aériennes.

La France compte réduire progressivement sa dépendance à l’importation en produisant son biocarburant. Le projet REUZE, destiné à produire 100 000 tonnes de carburant de synthèse, regroupe :

  • Infinium, qui va traiter 300 000 tonnes de CO2 ;
  • Engie, qui se chargera de produire de l’hydrogène via un électrolyseur ;
  • ArcelorMittaln qui va prêter ses installations.

C’est également sur ce mélange que se base l’Union européenne. L’actuel président du groupe de réflexion Équilibre des énergies (TotalEnergies et Airbus) explique que « l’intérêt principal de l’hydrogène sera d’être un composant à mélanger avec le carbone. »

Il faut cependant tenir compte du stockage du CO2 selon Jonas Helseth, directeur de Bellona Europe. Cette particule pourrait facilement s’échapper dans l’atmosphère. Il faudrait une capacité importante pour atteindre les objectifs de 50 millions de tonnes nécessaires annuellement jusqu’en 2030.

La production de méthanol, dont la demande est forte dans le secteur maritime, fait aussi partie des priorités de la France. L’Hexagone prévoit de convertir 205 000 tonnes d’hydrogènes en méthanol d’ici 2030.

Des partisans de l’usage d’e-fuels dans l’automobile

L’utilisation des carburants de synthèse uniquement dans l’aéronautique et le maritime ne fait pas l’unanimité. Le monde du sport automobile utilise déjà les e-fuels. C’est le cas notamment des 24 heures du Mans en 2022. Un nouveau type de carburant provenant de la viticulture a fait son apparition. TotalEnergies a développé un produit sans pétrole baptisé Excellium Racing 100. De son côté, les monoplaces en Formule 1 fonctionnent déjà en partie avec du biocarburant. Avec la nouvelle réglementation de 2026, les voitures rouleront avec 100 % de carburant d’origine renouvelable.

L’Allemagne affirme qu’il est possible d’utiliser les carburants de synthèse pour les voitures. Porsche a déjà tenté de combiner le CO2 et l’hydrogène au Chili afin d’obtenir un produit liquide utilisable comme carburant. La présidente de l’association de l’industrie automobile allemande, Hildegard Müller, déclare :

« Mais au lieu de promouvoir les e-fuels, de voir les choses en grand, l’Europe exclut jusqu’à présent cette technologie et laisse le stock de côté pour atteindre les objectifs climatiques dans les transports. C’est contraire à la réalité et nous prive d’opportunités et de possibilités. »

Au Japon, l’Association of Biomass Innovation for Next Generation Automobile Fuels a été créée pour trouver une alternative au carburant traditionnel. Pour ces pays, passer à l’électrique n’est pas la seule issue pour les véhicules terrestres.