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Les virements instantanés peinent à s’imposer en Europe

Les tarifs que les banques pratiquent en matière de virement instantané, développé en 2017, s’alourdiront cette année. Voir cette solution de paiement dépasser bientôt son homologue ordinaire semble pour cette raison peu probable. Ses coûts s’avèrent en effet trop élevés comparativement à ceux d’un transfert normal. Les virements traditionnels devraient continuer à régner au moins jusqu’en 2025.

Les virements classiques restent pour l’heure plus utilisés que leurs variantes instantanées. Ces dernières permettent pourtant d’envoyer de l’argent d’un compte vers un autre en quelques secondes. La cause de ce phénomène tient à un point : la facturation plus onéreuse des transferts immédiats. Plusieurs banques ne prélèvent même aucun frais sur les opérations traditionnelles effectuées depuis leur application mobile ou espace client Web.

Pour quelle raison les établissements pratiquent-ils un prix plus conséquent concernant les virements instantanés ? Ils cherchent à répercuter les coûts d’élaboration des instruments indispensables au déploiement de cette solution de paiement. Un choix pris, notamment avec leurs consultants finance, aux dépens de sa démocratisation.

Le tarif des banques augmentera cette année

La Commission européenne, qui a remarqué ce problème, s’y est penchée. Fin octobre 2022, elle a formulé une proposition législative visant à égaliser les tarifs entre virement classique et instantané. Un temps d’attente s’impose cependant. Il faudrait en effet patienter au moins durant les trois prochaines années avant de voir une réglementation contraignante apparaître.

Entre-temps, la primauté des virements ordinaires devrait encore durer. D’ailleurs, le prix de leurs homologues instantanés croîtra en France en 2023. Une étude menée par MoneyVox révèle qu’il atteindra cette année 0,82 euro par transaction en moyenne.

La hausse de coût traduit une évolution de +3,78 % comparativement au 0,79 euro pratiqué en janvier 2022. Ce pourcentage dépasse largement la limite de la revalorisation à 2 % que les établissements bancaires ont promis. Néanmoins, il ne touche en fait qu’à une liste restreinte de services et produits financiers.

Un redressement plus conséquent est même annoncé du côté de certains clients. Ceux du Crédit du Nord, qui a fusionné avec la Société Générale, seront par exemple concernés. Pour eux, le prix d’un virement instantané flambera de 60 % pour grimper à 0,80 euro (contre 0,50 euro jusqu’ici).

Les banques ont trouvé une astuce pour une facturation plus chère

En outre, certains établissements recourent à une nouvelle solution afin de relever en toute discrétion le coût de ces opérations. Ils appliquent désormais un prix variant selon le montant transféré. D’après le CCSF ou Comité consultatif du secteur financier, à travers son Observatoire des tarifs bancaires, celui-ci peut monter à :

  • 2,89 euros pour une transaction entre 5 000 et 15 000 euros ;
  • 0,78 euro pour une somme inférieure à 300 euros.

Ces différences de prix selon le montant de la transaction s’avèrent injustifiées. Ceci si l’on regarde le prix d’accès au Titre interbancaire de paiement (TIPS), s’élevant à 0,002 euro/transfert. En général, le tarif d’un envoi instantané pour les banques équivaut à celui d’une opération classique.

Déployé en 2017, le virement instantané ne rassemble aujourd’hui que près de 10 % du total des transferts en Europe. En France, il se révèle nettement plus sous-exploité, en captant seulement quelque 3 % de l’ensemble des envois.