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Freelance : une nouvelle forme de « salariat » pour demain ?

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Aujourd'hui, il s’agit de s’interroger pour savoir si l'évolution du marché du travail favorise l’émergence d’une nouvelle forme de « salariat », plus indépendant et moins protégé que d’autres contrats de salariés. Faisons le point sur la question du travail en freelance et de ses évolutions pour demain.

Qu’est-ce-qu’un freelance ?

Un freelance peut être défini comme étant un entrepreneur, seul et indépendant. Un freelance n’a donc aucun lien de hiérarchie avec un employeur et choisit, en règle générale, le statut de la micro-entreprise. Le terme de freelance ne renvoie à aucune forme juridique d’entreprise. Par ailleurs, ce mot est issu de l’anglais et désigne un travailleur indépendant. 
Un freelance n’a donc pas de bulletin de paie ni de contrat de travail. Il se rémunère via le chiffre d’affaires réellement encaissé, en y déduisant les cotisations sociales obligatoires. Il peut même payer l’impôt sur le revenu directement via son chiffre d’affaires.

Le freelance qui choisit le statut de la micro-entreprise n’est pas assujetti à la TVA et ne doit produire qu’une comptabilité simplifié. Ce statut se veut accessible au plus grand nombre, sans aucune garantie de rentabilité et de réussites économiques.

Le travail en freelance pâtit, dans quelques cas, d’une image d’amateurisme et de précarité. Le choix de la micro-entreprise est souvent une activité complémentaire ou provisoire en vue d’obtenir une situation stable. Cette forme d’activité, comportant assez peu de protections et de visibilité dans le temps, est-elle en passe de devenir majoritaire au sein du monde du travail ? Le salariat et les contrats de travail vivent-ils leurs dernières heures dans nos sociétés modernes ? Analysons ensemble, les perspectives positives et les points de blocage d’un travailleur freelance.

De plus en plus de travailleurs en freelance en France

Oui – Les études statistiques de l’INSEE font état d’un boom des créations d’entreprise sous le statut de la micro-entreprise. Les chiffres comptabilisent près de 242 000 nouveaux micro-entrepreneurs en freelance en 2017 et plus de 970 000 en cumulé depuis 2014. Les micro-entrepreneurs vont rapidement devenir majoritaires si les créations poursuivent leur rythme actuel. L’année 2018 confirme ces bons chiffres et traduit l’intérêt pour ce statut, près de 10 ans après sa création.
Non – La France compte plus de 25 millions de personnes salariées mi-2018. Ce chiffre évolue à la marge depuis quelques années. Il n’y a donc pas de transfert de salariés vers le statut de micro-entreprise. Par ailleurs, les créations d’entreprise (en dehors du statut de micro-entreprise) n’ont jamais été aussi élevées depuis 20 ans en France . L’environnement économique est donc tout aussi favorable aux salariés qu’aux micro-entreprises.

Le travail en freelance permet de vivre durablement de sa passion

Oui – Comme cela a été précisé, un freelance n’est pas assujetti à la TVA et dispose de moins de contraintes qu’une société. Les prestations facturées par le freelance permettent d’avoir facilement accès à un revenu réel et directement encaissable. Par ailleurs, les cotisations sociales payées par les micro-entrepreneurs (de l’ordre de 23%) sont inférieures à celles portant sur les salaires classiques. Cela offre de réelles marges de manœuvres aux micro-entrepreneurs en freelance. Il convient de noter que le Gouvernement Français, en septembre 2017, a doublé les plafonds de chiffre d’affaires des micro-entreprises, ce qui devrait inciter davantage de professionnels à choisir ce statut.
Non – Le Ministère de l’Économie a constaté que moins d’un quart des micro-entrepreneurs de 2010 étaient encore économiquement actifs cinq années plus tard. Ce chiffre peut paraître très bas d’autant qu’un micro-entrepreneur qui réalise seulement 1 € de chiffre d’affaires annuel est considéré comme « actif » . Par ailleurs, il n’existe pas de salaire minimum pour le travail en freelance : un micro-entrepreneur peut très bien accepter un travail de 10h rémunéré seulement 10 € au total. Il est donc très difficile de vivre de sa passion, surtout si celle-ci ne correspond pas aux attentes du marché.

Le goût pour la liberté est privilégié et les travailleurs fuient les contrats longs

Oui – Le travail en freelance véhicule l’image de la liberté et de la capacité de pouvoir travailler tout en voyageant dans de nombreux pays. Il existe un certain nombre de professionnels qui veulent avoir davantage de temps libre et réaliser un travail qui fait sens. Le statut de la micro-entreprise permet cette souplesse et cette agilité dans l’organisation de sa carrière professionnelle.

Non – En 2016, l’INSEE indique que plus de 85 % des salariés ont un Contrat à Durée Indéterminée (CDI). Ce contrat apporte une protection et une sécurité sur le long terme, ce qui est apprécié et demandé par les professionnels. En effet, il reste indispensable d’avoir un CDI pour réaliser des projets, obtenir un prêt bancaire ou fonder sereinement une famille. Par ailleurs, les études statistiques font état d’une clientèle majoritairement locale pour les auto-entrepreneurs. Le mythe du freelance libre et globe-trotteur ne semble être qu’un fantasme.

Selon l’étude des chiffres et de l’analyse économique actuelle, le travail en freelance apparaît davantage comme une situation de pré-emploi. Le statut de la micro-entreprise est privilégié par les jeunes bloqués dans leurs recherches sur le marché de l’emploi. Les cadres confirmés et les experts d’un domaine privilégient les contrats en portage salarial. Le portage salarial allie la diversité de l’entrepreneuriat avec les avantages du salariat.

Le salariat risque nécessairement d’évoluer dans les prochaines décennies mais rien n’indique un remplacement massif du CDI par le travail en freelance. La France reste majoritairement en CDI et attachée à la sécurité d’un contrat de travail de long terme.