Safran a décidé d’investir directement dans les instituts de formation spécialisés dans l’industrie tant les nouvelles technologies sont devenues incontournables dans les usines. La société a ainsi contribué à la création de CampusFab, un centre consacré à l’industrie du futur. Un concept dont la réussite nécessitera une résolution des problématiques présentes dans la filière.
Dans l’Essonne, à Bondoufle, l’école de l’industrie de demain CampusFab sera lancée en 2024. Parmi les instigateurs du projet figure Safran. Une entreprise auprès de laquelle les consultants en portage salarial peuvent prospecter.
En attendant l’ouverture de l’établissement, Les Échos s’est entretenu avec Jean-Luc Bérard, le directeur des ressources humaines (DRH) du groupe. L’évolution de l’engagement de la société dans la formation a notamment été abordée. Le responsable a ainsi expliqué que 4,5 % de la masse salariale de Safran soutient déjà des programmes afférents. Actuellement, 4/5 de leurs collaborateurs bénéficient annuellement d’une formation, a-t-il ajouté. C’est un niveau que l’entreprise compte maintenir à l’avenir.
Le formateur devient un référent
Jean-Luc Bérard a aussi été interrogé sur l’effet que l’industrie de demain engendrera sur les techniques de formation. Il a répondu que CampusFab proposera quelque chose de très complet. D’après lui, l’école privilégiera l’enseignement pratique sur les instruments, au lieu de cours théoriques. Le cadre poursuit que les formations se révèleront très flexibles et pourront être ajustées suivant les besoins des élèves. Le DRH de Safran détaille que le temps consacré aux différents modules dépendra des besoins des salariés en formation :
Techniquement, cela devient possible puisque, avec la réalité virtuelle par exemple, qui les guide pas à pas, les personnes formées deviennent plus autonomes. Parfois, ils pourront également demander l'aide à distance d'un spécialiste.
La fonction du formateur se transforme dans un établissement comme celui-ci, continue-t-il. Il s’agit d’un référent plutôt que d’un instructeur classique. Jean-Luc Bérard précise que concernant la formation initiale, les participants doivent évidemment suivre des programmes définis. Le responsable milite cependant pour une plus grande individualisation des apprentissages et leur personnalisation selon :
- Le rythme d’apprentissage des participants ;
- Leurs connaissances préalables.
Quant au fonctionnement de CampusFab, le cadre révèle qu’il est géré par un consortium composé de façon paritaire :
- D’acteurs publics ;
- D’organismes de formation ;
- D’industriels.
Certains problèmes de l’industrie actuelle doivent être réglés
Cette future école arrive à un moment où l’État français prévoit de redynamiser l’industrie du pays. Un projet qui est cependant entravé par de nombreux obstacles. Outre les freins fiscaux et fonciers, la gestion des compétences reste aussi une difficulté qu’on s’applique encore à surmonter. Pour précision, celle-ci désigne l’ensemble des mesures adoptées servant à accorder les talents à disposition aux besoins d’une organisation.
Les défauts de cette opération s’expliquent par différents facteurs, dont l’emprise sur l’effort industriel exercée par les pays étrangers. Celle-ci souffre par ailleurs d’une certaine normalisation des techniques. Le secteur, qui figure certes parmi les fonctions relevant des RH, demeure essentiellement limité à quelques éléments génériques :
- Visite médicale ;
- Permis ;
- Formation initiale.
La gestion des départs représente en outre une problématique à résoudre. À noter qu’une entreprise met 24 mois avant de trouver un remplaçant disposant de la même expertise qu’un spécialiste :
- Qui prend sa retraite ;
- Qui démissionne ;
- Qui se fait licencier.
Ce délai s’applique à n’importe quelle taille d’organisation. Dans ce laps de temps, la recherche de solutions à des difficultés déjà réglées auparavant s’impose à nouveau. Une personne qui quitte la société engendre une disparition de connaissances sèche.