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L’emploi des seniors est crucial pour l’avenir du système des retraites

Le projet de réforme des retraites est de nouveau au cœur de débats passionnés. Le report de l’âge légal de départ à la retraite en est le point le plus sensible. Le problème avec cette mesure est qu’elle ne prend pas en compte le fait que les seniors sont en sous-emploi. En effet, seulement 51.6 % des personnes âgées de 55 à 64 ans exercent une profession. En clair, reculer l’âge de départ à la retraite n’aura qu’un effet limité.

La première ministre, Elisabeth Borne, a dévoilé mardi 10 janvier les contours du projet de réforme des retraites. Le gouvernement a beau mettre en avant la prise en compte des carrières longues et la pénibilité de certains métiers, c’est une mesure en particulier qui cristallise les débats : le rapport de l’âge légal de départ à la retraite. Il est nécessaire dans ce contexte de se pencher sur l’emploi des seniors, qui restent sous-représentés sur le marché du travail.

Sur ce point, adopter le statut de consultant porté constitue une solution pratique permettant aux plus de 55 ans de continuer à exercer un métier. Les seniors qui font ce choix bénéficient des avantages qu’offre un contrat de travail, notamment en matière de protection sociale. La définition du portage salarial peut d’ailleurs être formulée comme suit : une forme d’emploi grâce à laquelle on garde le statut de salarié tout en étant indépendant dans la recherche et la négociation de ses missions.

Diverses idées envisagées

Plusieurs pistes peuvent être explorées pour favoriser l’emploi des seniors. L’une d’entre elles consiste à mettre à contribution les petites entreprises. Ces structures n’ont pas  toujours besoin ou les moyens d’employer à temps plein des travailleurs expérimentés. Elles peuvent cependant offrir des conditions de travail décentes à des salariés portés de 55 ans effectuant des missions ponctuelles.

On peut également envisager de rediriger les seniors vers les métiers du « care » et d’utilité sociale. Cela permet à ces travailleurs d’exercer, lors de leurs dernières années de carrière, une profession dans laquelle ils un sens. Un tel projet s’avère excellent pour continuer son parcours professionnel. Dans cette optique, il faudrait confier davantage de responsabilités aux collectivités régionales. Celles-ci pourraient alors garantir la formation et l’orientation des seniors afin que ceux-ci s’adaptent aux besoins particuliers de leur territoire.

Fixer progressivement des quotas d’employés âgés au sein des entreprises est une autre idée envisageable. A noter que la plupart des responsables des ressources humaines et des dirigeants considèrent les seniors comme :

  • Un risque pour la productivité de l’entreprise ;
  • Une source possible de divisions en interne ;
  • Une charge économique.

Certains pensent même que ce profil peut rebuter les candidats plus jeunes.

Les Français refusent un allongement de leur carrière

Une grande partie de la population française se dit opposée à la réforme des retraites voulue par le gouvernement. Leur opposition s’explique par différents motifs démographiques. Depuis une quarantaine d’années :

  • Les cotisations de retraite se sont envolées ;
  • Le niveau des pensions a diminué ;
  • L’espérance de vie des Français a augmenté de manière significative ;
  • Le taux d’activité des seniors a grimpé ;
  • Le ratio cotisants-pensionnés a considérablement diminué.

Pour information, la France compte 28,8 millions de personnes actives et 17 millions de retraités. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a annoncé en septembre dernier qu’à l’horizon 2050, le pays comptera, à législation identique, 28.9 millions d’actifs pour 23 millions de retraités.

85 % des salariés les plus pauvres et 75 % des classes moyennent inférieure sont contre le report de l’âge légal de départ à la retraite. Chez les classes les plus aisées en revanche, ils sont seulement 35 % à être favorables à la retraite à 60 ans.

La crise sanitaire n’a pas arrangé les choses. En 2021, l’emploi n’est considéré comme un élément très important que par 24 % des Français, soit 36 points de moins qu’en 1990.